GUERRE AVEC LA RUSSIE : L'ALLEMAGNE ET LA CHINE SOUTIENDRONT L'ORGANISATION D'UNE CONFéRENCE SUR LA PAIX EN UKRAINE

[Article publié le mardi 16 avril 2024 à 11H40 et mis à jour à 14H43] Berlin et Pékin sont favorables à l'organisation de la Conférence sur la paix en Ukraine. C'est ce qu'a annoncé le chancelier allemand, Olaf Scholz, ce mardi à Pékin. Il s'est ainsi dit d'accord avec le président chinois Xi Jinping pour soutenir cet événement que la Suisse compte organiser les 15 et 16 juin.

« La Chine et l'Allemagne veulent se concerter de manière intensive et positive sur la promotion de l'organisation d'une conférence de haut niveau en Suisse et de futures conférences internationales sur la paix », a déclaré sur X le chancelier qui est arrivé en Chine dimanche, accompagné d'une importante délégation composée de ministres et de chefs d'entreprise. Il s'agit de sa deuxième venue dans le pays asiatique depuis son entrée en fonction fin 2021.

Peu avant, il avait déjà affiché sa volonté d'échanger avec Xi Jinping, lors d'un entrevue qui s'est tenue dans le complexe diplomatique de Diaoyutai à Pékin, de la manière de « contribuer davantage à une paix juste en Ukraine ».

Intérêts fondamentaux

« La guerre d'agression russe en Ukraine et l'armement de la Russie ont un impact négatif très important sur la sécurité en Europe, a ainsi souligné Olaf Scholz à Xi Jinping, d'après un enregistrement fourni par les services du chancelier. Ils affectent directement nos intérêts fondamentaux ». « Indirectement, ils nuisent à l'ensemble de l'ordre international parce qu'ils violent un principe de la Charte des Nations unies - le principe de l'inviolabilité des frontières des Etats », a-t-il ajouté.

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De son côté, Xi Jinping a présenté à son interlocuteur « quatre principes » pour empêcher la crise « d'échapper à tout contrôle », selon l'agence officielle Chine nouvelle. Il a également ajouté qu'il « convient de se concentrer sur le maintien de la paix et de la stabilité et s'abstenir de vouloir tirer profit de façon égoïste » de la situation, appelant à ne « pas jeter de l'huile sur le feu ».

« Nous devons réunir les conditions nécessaires au rétablissement de la paix » et « réduire les répercussions sur l'économie mondiale », a-t-il plaidé.

La position de la Chine n'a pas varié ces derniers mois. Pékin appelle au dialogue, s'oppose à tout recours à l'arme nucléaire et exhorte au respect de l'intégrité territoriale « de tous les pays » - sous-entendu Ukraine comprise. Cependant, le pouvoir chinois n'a jamais condamné publiquement Moscou pour l'invasion de l'Ukraine et appelle régulièrement à prendre en considération les préoccupations de sécurité de toutes les parties, dont celles de la Russie face à l'Otan.

En outre, Pékin et Moscou se rapprochent depuis plus d'une décennie en raison de leur dénonciation commune de ce qu'ils présentent comme l'hégémonie occidentale sur la scène internationale. Les deux pays ont, d'ailleurs, renforcé leur coopération économique, militaire et diplomatique depuis l'invasion de l'Ukraine.

Numéro d'équilibriste

La guerre en Ukraine n'est pas le seul sujet abordé lors de cette visite de trois jours qui a déjà conduit Olaf Scholz dans la grande ville de Chongqing (sud-ouest), à Shanghai (capitale économique chinoise) et aujourd'hui Pékin. Le chancelier allemand est confronté à un véritable exercice d'équilibriste. Car, s'il entend renforcer les liens économiques de son pays avec la Chine, son principal partenaire commercial, il se doit également de représenter une Union européenne qui désire moins dépendre économiquement du géant asiatique. Le « de-risking » cher à l'UE, c'est-à-dire une « réduction des risques » pour diminuer cette dépendance vis-à-vis de la Chine, était d'ailleurs au menu des discussions.

D'autant que, depuis plusieurs mois, l'UE s'est engagée dans un bras de fer avec la Chine, qu'elle accuse de fausser le marché européen en l'inondant de produits à bas prix, des véhicules électriques aux éoliennes en passant par les panneaux solaires.

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Début avril, la Commission européenne a ainsi annoncé avoir ouvert deux enquêtes anti-subventions contre des consortiums de fabricants de panneaux solaires, impliquant des filiales de groupes chinois, dont Longi, un mastodonte du secteur. Ces enquêtes sont lancées dans le cadre de nouvelles règles entrées en vigueur en juillet dernier. Celles-ci ont pour objectif d'empêcher les subventions de pays tiers soupçonnées de créer une concurrence déloyale dans l'UE dans le cadre d'appels d'offres.

De son côté, si Berlin s'est aligné l'an passé sur la position de l'UE, préconisant aux entreprises allemandes de réduire les risques et leur dépendance au pays, la tâche n'est pas aisée pour la première économie européenne, alors que ce marché reste vital pour ses puissants secteurs automobile ou chimique. À ce sujet, lors de sa visite, Olaf Scholz a aussi plaidé la cause des industriels allemands implantés sur place, dont près des deux-tiers se plaignent de « désavantages concurrentiels » dans l'accès au marché, selon une analyse récente de la Chambre de commerce allemande en Chine (AHK).

Une coopération « indispensable » pour Pékin

Xi Jinping a, lui, jugé « indispensable » une « coopération entre grandes puissances » afin d'affronter les « risques et défis croissants » auxquels est confrontée la communauté internationale, selon la télévision d'Etat chinoise CCTV. L'échange entre les deux dirigeants a, en effet, été l'occasion pour Olaf Scholz d'évoquer les domaines de coopération bilatérale, notamment le climat. « Ce n'est qu'ensemble que nous parviendrons à trouver des solutions pour stopper le changement climatique et gérer la transition énergétique verte de manière socialement équitable », a plaidé le chancelier.

« La Chine et l'Allemagne sont les deuxième et troisième économies mondiales », a, de son côté, insisté le président chinois. Et d'ajouter que « l'importance de la consolidation et du développement des relations sino-allemandes dépasse le cadre des relations bilatérales et a un impact important sur le continent eurasien et même sur le monde entier ».

Xi Jinping a également argué que « les chaînes industrielles et d'approvisionnement de la Chine et de l'Allemagne sont profondément ancrées l'une dans l'autre », toujours selon Chine nouvelle. « Les exportations chinoises de véhicules électriques, de batteries au lithium ou encore de produits photovoltaïques ont non seulement enrichi l'offre mondiale et atténué la pression inflationniste dans le monde, mais ont également apporté une grande contribution à la réponse mondiale au changement climatique », a-t-il argumenté. Et d'assurer qu'« une coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et l'Allemagne n'est pas un "risque", mais une garantie pour la stabilité des relations bilatérales et une occasion de créer un avenir ».

D'autant que, selon une analyse partagée à l'AFP dimanche de Max Zenglein, expert à l'institut Mercator d'études sur la Chine (MERICS), l'Allemagne a, en effet, « un rôle important à jouer » dans la deuxième économie du monde, car cette dernière est en manque d'investissements étrangers, étant donné la position plus dure adoptée par d'autres pays, comme les Etats-Unis ou le Japon.

La cheffe de la diplomatie allemande se rend en Israël ce mardi

La ministre des Affaires étrangère allemande Annalena Baerbock a annoncé se rendre ce mardi en Israël pour discuter des moyens « d'éviter une nouvelle escalade » dans la région après l'attaque de l'Iran contre Israël.

La ministre entend assurer les partenaires israéliens de « l'entière solidarité de l'Allemagne » après cette attaque et discuter « de la manière d'éviter une nouvelle escalade de la violence », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin avec son homologue jordanien Ayman Safadi.

(Avec AFP)

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